Rencontre

Même si le parfum de son ministère m’était déjà parvenu par divers canaux, je n’ai connu Henri Hartnagel que dans les derniers mois de sa vie, en tant qu’aumônier. Dieu m’a fait cette grâce, et ces quelques lignes veulent en témoigner. Elles seront un simple témoignage parmi beaucoup d’autres.


J’avais été préparé par sa famille et par un collègue à trouver un homme déjà diminué. Quand je l’ai visité pour la première fois, j’ai tout de suite été confronté aux déficiences qui le touchaient. Les conversations avec lui étaient décousues, traversées d’incohérences. Je pense qu’il est important de nommer ces choses sans honte. Elles font partie de la vie de nombreux aidants.


Je veux cependant témoigner de deux aspects de la personne d’Henri qui ont toujours été présentes, même dans ce contexte difficile.


D’abord la douceur. J’ai, à chaque visite, été accueilli par un sourire. Plus qu’un sourire, une joie simple et entière. Signe de la maladie ? Cela peut en être la conséquence, oui, tout comme l’agressivité. Chez Henri, j’ai perçu plutôt cette douceur évangélique, l’empreinte du Saint Esprit : « Heureux les doux, car ils hériteront la terre » (Mt 5, 5). C’est une telle douceur que l’on peut entendre dans ses différents enseignements, dotée d’autorité et pleine d’attention.


Ensuite la prière. Dans sa chambre, Henri priait avec une intensité et une cohérence étonnantes, alors que son esprit se perdait dans les conversations. J’avais devant moi un homme qui demeurait en Dieu et en qui Dieu demeurait, quand tout ou presque en lui chancelait. Là encore, je le crois, l’empreinte du Saint Esprit, sans cesse encouragée par la visite stimulante de ses proches.


A ces deux aspects qui ont rayonné dans nos rencontres, j’ajoute une étape de son parcours qui m’a particulièrement touché. Henri s’est véritablement converti à Christ lors de ses études de théologie. Il n’est pas le seul à avoir fait le chemin dans ce sens : faire le choix des études et du métier de pasteur d’abord, puis voir sa vie transformée par le Christ. A passer du Christ « objet d’étude » au Dieu vivant, ici et maintenant ! Sans être un modèle à reproduire, cette conversion vient nous rappeler qu’un véritable appel à servir ne saurait venir que d’une bonne connaissance : il nait dans un cœur pressé par l’amour du Christ (2 Co 5, 14). Tout le reste, tout ce qui est bon aux yeux de Dieu ne peut couler que de cette source. Merci à Dieu d’avoir suscité un tel serviteur !



J’ai intitulé ce bref témoignage « Rencontre ». C’est un hommage à la mission d’évangéliste d’Henri Hartnagel, auteur de deux volumes de « Rencontres » où il met en dialogue de grandes personnalités du monde artistique avec la foi chrétienne et son monde, la Bible. Je ne peux qu’en conseiller la lecture. Des ouvrages édités aux éditions LLB, malheureusement épuisés, et difficiles à trouver.


Julien N. PETIT

Aumônier